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Alors que la campagne présidentielle bat son plein, la célèbre association invite les candidats à appliquer un « traitement d’urgence » afin de répondre à « l’urgence sa
nitaire. » De son côté, le Secours Catholique, témoin privilégié de cette situation préoccupante, essaie de répondre aux besoins de santé des personnes les plus démunies.

« Démarrée bien avant la crise, la remise en cause d’un accès équitable aux soins s’est amplifiée depuis 2008 », indique Médecins du Monde dans un communiqué. « Le système de santé français, longtemps présenté comme le meilleur au monde, est malade et ce sont les personnes précaires qui en souffrent le plus ». L’association « prescrit un traitement aux candidats pour mettre fin aux politiques qui rendent malades. » Parmi les patients qui défilent devant les équipes de Médecins du Monde, un sur 4 vient ainsi se faire soigner trop tardivement, tandis que 85 % n’ont aucune couverture maladie.

De plus, 2 tiers des enfants ne sont pas suivis par une protection maternelle et infantile et 2 tiers de ceux de moins de 6 ans ne sont pas à jour dans leurs vaccinations. Sans oublier que 68 % des femmes enceintes n’ont pas accès aux soins prénataux et plus de la moitié présente un retard de suivi de grossesse. Des chiffres pour le moins alarmants…

Des enjeux de santé publique relégués au second plan

La santé serait ainsi devenue « un produit de luxe » pour les plus démunis, dixit Médecins du Monde. Ils sont désormais dans l’obligation de retarder leurs soins, voire même d’y renoncer. De plus, le droit aux soins des étrangers est en partie bafoué, puisqu’il est désormais nécessaire de s’acquitter d’un droit d’entrée de 30 euros pour l’accès à l’Aide médicale d’État. Cette aide était gratuite jusqu’en juin 2011… « Pourtant, sacrifier la santé publique est un non sens économique », car « se soigner plus tard pour des soins plus lourds revient plus cher à la collectivité », souligne l'association.

« Les personnes vulnérables subissent une politique de harcèlement systématique qui les éloigne du soin. Stigmatisées, elles se retrouvent dans une logique de survie. Approches financières du soin, approches répressives des situations de détresse : il y a des politiques qui rendent malades, affirme Médecins du Monde. Les enjeux de santé publique passent en second plan derrière les impératifs sécuritaires. »

L’ONG préconise aux candidats, entre autres choses, l’instauration d’une couverture maladie unique pour les plus précaires, la suppression des 30 euros liés à l’Aide médicale d’État, l’abrogation du délit de racolage passif, l’hébergement des SDF toute l'année, la fin des expulsions sans solution de relogement et la création de dispositifs innovants pour les usagers de drogue.

La santé n’est pas un bien comme les autres

« Faut-il revoir le système pour qu’il soit soutenu par davantage d’assurance privée où chacun recevrait selon sa capacité de contribuer ? C’est ce qui est lentement en train de se passer, affirme Bernard Schricke, directeur France-Europe du Secours Catholique. La « sécu » rembourse de moins en moins, les mutuelles couvrent une bonne partie du différentiel à condition de pouvoir y accéder. Certes, un filet de sécurité est mis en place pour les plus pauvres, avec la création de la couverture maladie universelle. Mais beaucoup renoncent à se soigner ».

Préoccupées par cette dégradation du système de santé français apparemment inéluctable, le Secours Catholique tente malgré tout d’améliorer l’accès aux soins de santé des personnes dans le besoin. Il mène aussi d’âpres négociations avec les mutuelles dans le but d’obtenir des tarifs plus avantageux pour les familles en difficulté.

«  La santé n’est pas un bien comme les autres. Une logique de solidarité globale doit continuer à prévaloir », rappelle Bernard Schricke à l’attention des candidats à l’élection présidentielle.